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Rapport sur les discussions politiques entre la League for the Revolutionary Party (US) et l’Internationalist Socialist League (Israël/Palestine occupée)

Une déclaration commune de la LRP et de l’ISL

8 octobre 2009

Depuis plus de dix-huit mois, la League for the Revolutionary Party (US) et l’Internationalist Socialist League (Israël/Palestine occupée) ont mené des discussions sur la théorie et le programme politiques. Grâce à ces discussions, nos deux organisations sont parvenues à un degré très significatif d’accord sur des questions cruciales.

La participation concrète dans les grandes luttes de la classe ouvrière met à l’épreuve rapidement et de manière décisive les prétentions révolutionnaires des partis politiques. Tant la LRP que l’ISL sont toutefois de petits groupes de propagande; alors que nous faisons tous les efforts pour joindre les luttes de nos camarades ouvriers et des peuples opprimés, notre taille et l’isolement géographique limitent inévitablement notre capacité à y participer et à tester notre programme révolutionnaire dans la pratique. Dans ces conditions, la revendication de nos deux groupes à représenter la bannière du marxisme révolutionnaire authentique doit être jugée principalement au niveau de la théorie et du programme, ainsi que sur les prises de positions au sujet des grands événements dans la lutte de classe internationale. Par conséquent, la LRP et l’ISL ont pris une longue période de temps pour discuter méthodiquement un large éventail de questions théoriques et programmatiques. Conscients des fusions hâtives et sans principes qui caractérisent les relations entre les groupes dans l’extrême gauche, nous visons à présenter une alternative sérieuse et basée sur des principes, la meilleure chose pour gagner la confiance des travailleurs à l’esprit révolutionnaire.

Nos discussions ont jusqu’ici abordé des questions allant de la stratégie pour la libération palestinienne à la nature de classe des États staliniens et ex-staliniens et les causes de la crise économique mondiale actuelle. Pendant ce temps, nous avons aussi discuté de nouveaux événements, tels que la guerre russo-géorgienne de 2008, la guerre d’Israël contre Gaza dans l’hiver de 2008-9, et les récents événements en Iran ainsi que l’attitude que les socialistes révolutionnaires devraient avoir à leur égard.

Les camarades de la LRP et de l’ISL se sont également visités mutuellement dans leur pays respectif pour des discussions en face-à-face. Ces visites ont fourni aux deux groupes l’occasion d’expérimenter de première main le débat démocratique à partir duquel les positions de chaque groupe se développent, ainsi que les efforts pratiques de chacun d’eux pour faire avancer la cause de la construction du parti révolutionnaire à travers la participation dans les luttes existantes de la classe ouvrière, des mouvements de protestation et des milieux de gauche.

Les révolutionnaires authentiques sont à la recherche de co-penseurs – des camarades qui pensent par eux-mêmes et qui peuvent travailler collectivement pour résoudre les problèmes théoriques et programmatiques actuels et futurs présentés par la lutte des classes – et qui peuvent ainsi mener une lutte déterminée pour développer la direction révolutionnaire internationale dont notre classe a besoin. L’expérience de discussions et de coopération entre la LRP et l’ISL jusqu’à ce point ne nous donne aucune raison de douter que dans nos organisations respectives nous ayons trouvé de tels camarades. En annonçant nos discussions, nos deux groupes souhaitent fournir aux travailleurs et aux jeunes à l’esprit révolutionnaire et intéressés la possibilité de suivre le développment de nos discussions et de notre collaboration politiques et de juger de son caractère sérieux et basé sur des principes. Dans ce rapport, puisque l’ISL est une organisation relativement nouvelle, nous allons décrire certains points de son histoire et résumer les discussions de nos deux groupes jusqu’à ce jour.

Les origines de l’ISL

Les camarades qui ont fondé l’ISL ont parcouru un long chemin sur le plan politique ces dernières années: de la Tendance Marxiste Internationale (TMI), qui est parmi les groupes les plus avancés dans la politique de collaboration de classes se revendiquant de la bannière du trotskysme, jusqu’à leurs discussions en cours avec la LRP. En effet le membre senior de l’ISL, Yossi Schwartz, a commencé sa recherche pour de véritables politiques ouvrières révolutionnaires en tant que membre du Parti communiste israélien. Après avoir rompu avec le stalinisme toutefois, le camarade Schwartz, comme beaucoup d’autres soi-disant révolutionnaires, a été pris au piège pendant des années à l’intérieur du labyrinthe du « trotskysme orthodoxe #187;, plus particulièrement comme membre éminent pendant une longue période de temps de la Tendance Spartaciste, ainsi qu’une brève association avec le Comité de Coordination pour la Refondation de la Quatrième Internationale (dirigé par le Partido Obrero d’Argentine).

Ayant passé à travers l’expérience traumatisante du sectarisme étouffant et de la vie interne abusivement bureaucratique des Spartacistes, le camarade Schwartz cherchait à tort à rejoindre un groupe soi-disant trotskyste qui semblait exactement le contraire. Ainsi en 2003, lui et d’autres ont choisi d’adhérer à la TMI. Une des principales raisons de leur décision était leur croyance erronée que la chose la plus importante qu’ils pouvaient faire pour faire avancer la cause de construire un parti révolutionnaire en Israël à l’époque était d’entrer au parti communiste en vue de recruter des éléments qui se radicalisaient, en particulier parmi sa base palestinienne. La TMI, qui est connue pour sa conception que l’entrisme à l’intérieur de et du soutien aux partis réformistes sociaux-démocrates et staliniens est une étape incontournable de la lutte ouvrière, était tout aussi soucieuse d’encourager une telle perspective.

Mais des événements historiques étaient déjà au travail pour stimuler la radicalisation des camarades qui allaient donner naissance à l’ISL. Le sionisme se dirigeait rapidement vers une crise de légitimité, alors que son oppression brutale des Palestiniens est devenue de plus en plus démasquée à travers le monde. Plus important encore, la lutte des Palestiniens avait atteint une impasse et une terrible crise de direction. Dans les Accords d’Oslo de 1993, les dirigeants nationalistes de l’OLP avaient complètement trahi la lutte pour l’autodétermination du peuple palestinien en acceptant le droit de l’État d’Israël à exister sur des terres volées aux Palestiniens. Depuis lors, à travers son gouvernement notoirement corrompu de l’ Autorité Palestinienne, l’OLP a agi pour contrôler les masses pour le compte d’Israël dans les petits territoire qu’elle avait été autorisée à superviser. En réaction à cette trahison, les islamistes populistes du Hamas et de d’autres groupes prétendaient représenter une alternative politique qui ne serait pas vendue aux sionistes. Bien que les événements réfuteront ces allégations, leur posture radicale leur a valu l’augmentation du soutien populaire.

Les différences initiales des camarades fondateurs de l’ISL avec la TMI ont surgi au lendemain de l’invasion israélienne du Liban en 2006. Les dirigeants de la TMI ont insisté que la classe ouvrière juive d’Israël n’est pas moins potentiellement révolutionnaire que n’importe quelle autre, et donc ils s’attendaient à ce que la défaite des objectifs de la guerre d’Israël au Liban en 2006 déclencherait une radicalisation vers la gauche en son sein. Il s’est avéré que les travailleurs juifs israéliens ont non seulement soutenus massivement l’offensive sanglante de leur gouvernement, mais après la guerre ils ont basculé vers la droite, renforçant l’appui pour les politiciens israéliens de droite qui ont critiqué le gouvernement pour ne pas avoir poursuivi la guerre plus impitoyablement.

Cette évolution s’explique par le caractère unique d’Israël en tant qu’État colonialiste. C’est une vérité fondamentale que la grande majorité des travailleurs dans le monde n’ont «rien à perdre que leurs chaînes» et ont donc un intérêt fondamental à renverser le système capitaliste. On ne peut pas en dire autant des travailleurs juifs d’Israël. Comme les autres couches de l’aristocratie ouvrière dans les pays impérialistes, ils jouissent de certains privilèges matériels basés sur le statut impérialiste de leur classe dirigeante. Mais contrairement même aux autres aristocrates ouvriers, ils jouissent de leurs gains au détriment direct des masses palestiniennes et ils vivent sur des terres volées aux Palestiniens. Ainsi ils voient les actions agressives de l’Etat d’Israël en tant que garant de leur existence privilégiée. Alors que la TMI, comme la plupart des groupes socialiste, ferme obstinément les yeux sur ces faits, les futurs membres de l’ISL ont vite réalisé qu’ils ne pouvaient pas se permettre de faire la même chose s’ils voulaient faire progresser une véritable perspective de la lutte pour la libération palestinienne et pour la révolution socialiste au Proche-Orient.

Le point de rupture a été atteint avec la guerre civile en 2007 à Gaza. Les élections au parlement de l’Autorité Palestinienne en 2006 ont vu le Hamas remporter une victoire écrasante sur la faction dominante de l’OLP, le Fatah. L’année suivante, les forces militaires du Fatah, avec le soutien politique et matériel d’Israël et des Etats-Unis, ont lancé une offensive contre le Hamas dans le but de le chasser du pouvoir. Reconnaissant que les masses palestiniennes avaient donné la victoire électorale au Hamas en tant que protestation contre les trahisons du Fatah, et que l’attaque militaire de ce dernier contre le Hamas a été menée au service de l’impérialisme américain et israélien, les futurs membres de l’ISL ont correctement pris position du côté des masses palestiniennes à Gaza sous la direction du Hamas et pour la défaite du Fatah et des objectifs de ses parrains impérialistes. En revanche,les dirigeants de la TMI se sont opposés à cette position courageuse et ont adopté plutôt une position de neutralité dans la guerre civile.

Les futurs membres de l’ISL n’ont cependant pas capitulé pas aux arguments de la direction de la TMI et se sont rendus à la conférence internationale suivante de la Tendance à Barcelone en 2007 pour défendre leur cause. La pression du débat sur place a contraint les camarades à examiner d’une manière plus critique les positions que la TMI avaient pris ailleurs dans le monde, ainsi que de chercher plus profondément les racines de leurs désaccords politiques. Comme ils l’expliquent dans leur document «The ISL’s Break with the IMT», (l’ISL rompt avec la TMI), les camarades ont argumenté tôt contre les politiques de front populaire de la TMI au Pakistan, où ses partisans fonctionnent en tant que section du bourgeois Parti du peuple pakistanais, et au Venezuela où la TMI chante les louanges sans aucune critique du nationaliste bourgeois Hugo Chávez. Lors de ces débats ils prirent également le chef de la TMI, Alan Woods, en flagrant délit de mensonge quand il a nié que les communistes irlandais avaient soutenu les nationalistes lors de la guerre civile de 1922-23. Tout ceci était d’une manière prévisible plus que ce que les dirigeants de la TMI pouvaient prendre, et ils ont rapidement expulsé les camarades sans jamais porté d’accusations pressantes et sans leur accorder le droit de défendre leurs points de vue lors d’un procès.

Les positions fondatrices de l’ISL

Dans leur lutte politique avec les dirigeants de la TMI, les désaccords des futures membres de l’ISL au sujet de la lutte palestinienne se sont propagés rapidement à des différences sur un éventail de questions internationales. Après leur expulsion, les camarades ont commencé à repenser leur compréhension du marxisme à son niveau le plus fondamental.

1. En défense de la stratégie de la révolution permanente

La trahison de la cause de l’autodétermination du peuple palestinien par l’OLP a confirmé la perspective de Trotsky sur la révolution permanente, qui enseigne que les forces bourgeoises parmi les opprimés sont en définitive dépendantes du système impérialiste pour leur position sociale privilégiée et qu’elles prendraient inévitablement son côté contre celui des masses. Trotsky a fait valoir que la lutte des opprimés pour leur libération ne pourrait parvenir à la victoire que par le renversement révolutionnaire du capitalisme par la classe ouvrière, et qu’en retour la classe ouvrière pourrait seulement gagner le soutien populaire et devenir apte à gouverner en se faisant le champion indéfectible de la cause des opprimés.

Toutefois, nombre de ceux qui se réclament de la bannière du trotskysme ont insisté pour que les Palestiniens doivent sacrifier leurs droits à un degré ou à un autre afin de gagner le soutien des travailleurs israéliens. Les camarades de l’ISL ont conclu que le point de départ d’un programme révolutionnaire en Israël/Palestine occupée devait être une lutte sans compromis pour l’autodétermination des Palestiniens, ce qui signifie le plein droit au retour des Palestiniens dans leur patrie et leur droit à gouverner en tant que majorité dans un État ouvrier palestinien.

Comment une telle révolution ouvrière pourrait être réalisée? En reconnaissant que les masses palestiniennes étaient écrasées militairement et accablées par l’État israélien, les dirigeants de la TMI avait auparavant convaincu les membres de l’ISL que les Palestiniens n’avaient pas d’autre choix que de fonder leurs espoirs sur le potentiel supposément révolutionnaire de la classe ouvrière israélienne. Les membres de l’ISL ont reconnu que cette perspective était désespérée. Ils ont rompu avec la perspective étroite limitée aux frontières nationales d’Israël et de la Palestine et ont souligné le potentiel des luttes révolutionnaires de la classe ouvrière de toute la région, en particulier celle de la classe ouvrière arabe des États voisins, pour venir en aide aux travailleurs et aux pauvres Palestiniens. La classe ouvrière palestinienne pourrait en même temps poursuivre son rôle de source d’inspiration dans la lutte anti-impérialiste et la lutte de la classe ouvrière au Moyen-Orient et partout dans le monde.

En outre, les camarades de l’ISL ont compris que derrière le refus de la TMI de défendre le Hamas contre les attaques du Fatah soutenues par l’impérialisme se trouvait une adaptation générale de la TMI à l’impérialisme. Par exemple, dans le cas de la guerres des îles Malvinas (Falkland) en 1982, la TMI a refusé de défendre l’Argentine, une néo-colonie opprimée, contre l’impérialisme britannique. De même, dans les luttes en Irlande du Nord, la TMI a refusé de prendre parti pour l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA) luttant contre l’impérialisme britannique. Et au-delà de la TMI, les camarades de l’ISL ont vu que tous les grands groupes se revendiquant de la bannière du trotskysme avaient, à un moment ou un autre, trahi de la même manière le principe de la défense inébranlable des opprimés contre les attaques impérialistes.

2. L’effondrement du stalinisme et la faillite du «trotskysme orthodoxe»

Ce qui a stimulé davantage la radicalisation de l’ISL a été l’effondrement du stalinisme, un événement tout à fait inattendu par le milieu des trotskystes «orthodoxes» dont les membres fondateurs de l’ISL ont fait partie. La foi centrale du milieu orthodoxe est que les États staliniens étaient des États ouvriers. Ce point de vue a été réfuté par le fait que la classe ouvrière n’a pas vraiment levé le petit doigt pour défendre «ses» États de l’effondrement et dans de nombreux cas a été un élément clé dans les luttes anti-staliniennes de masse. Mais si les États staliniens n’étaient pas des États ouvriers, quelle était leur nature de classe? Les camarades de l’ISL ont correctement conclu que si la classe ouvrière avait été opprimée et exploitée par ces États, alors la bureaucratie stalinienne qui régnait sur eux devait fonctionner comme une classe dirigeante capitaliste.

La rupture de l’ISL avec la théorie orthodoxe des «États ouvriers déformés» ne les a cependant pas conduit pas à une rupture avec le trotskysme. Au contraire, ils ont continué leur lutte pour défendre la tradition révolutionnaire authentique contre les abus et les déformations. Les camarades de l’ISL avaient combattu à l’intérieur de la TMI pour défendre la perspective de la révolution permanente contre ceux qui l’ont trahi au nom de Trotsky. Maintenant ils ont compris que l’idée que les staliniens aient créé des États ouvriers après la Seconde Guerre mondiale trahit non seulement le jugement de Trotsky que les staliniens ont été une force complètement contre-révolutionnaire, mais aussi la compréhension marxiste fondamentale que seule la classe ouvrière peut renverser le capitalisme. L’ISL voit maintenant que le rejet des illusions dans le potentiel progressiste du stalinisme était essentiel pour faire revivre la tradition révolutionnaire authentique du trotskysme.

Plus important encore, les camarades de l’ISL ont rapidement conclu que l’idée que les forces staliniennes pourraient jouer un rôle révolutionnaire exprimait un manque cynique de confiance dans le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière, ainsi que l’espoir illusoire que des forces non prolétariennes pourraient réussir à renverser le capitalisme, là où les travailleurs ont échoué. Ce cynisme a expliqué la capitulation de la TMI au réformisme social-démocrate à l’intérieur de la Grande-Bretagne, ainsi que son soutien politique pour des forces nationalistes bourgeoises au Pakistan et au Venezuela. Il a également expliqué les capitulations très similaires des Spartacistes, qui sont reconnus pour leur soutien enthousiaste pour les staliniens tout comme pour les fronts populaires nationalistes influencés par les staliniens comme les Sandinistes au Nicaragua et le FMLN au Salvador dans les années 1980.

Alors que les camarades de l’ISL ont réexaminé l’histoire du trotskysme, ils ont commencé à tracer un schéma de trahisons remontant à la période de l’après-Deuxième Guerre mondiale. Le soutien éhonté de la TMI à Chavez au Venezuela n’est pas fondamentalement différent du soutien de la Quatrième Internationale dégénérée de l’après-guerre à Tito en Yougoslavie, à qui ses dirigeants avaient ridiculeusement offert d’adhérer à l’Internationale. Les membres de l’ISL ont appris que la Quatrième Internationale avait franchi la ligne de classe en soutenant le gouvernement d’un parti bourgeois «anti-impérialiste» lors de la révolution bolivienne de 1952; la section bolivienne relativement grande de la QI, avec une base significative dans la classe ouvrière, a trahi le principe de base du trotskysme de toujours lutter pour l’indépendance politique et organisationnelle de la classe ouvrière contre les forces capitalistes. La QI a ainsi contribué à la démobilisation et la démoralisation de la classe ouvrière et porta la responsabilité de la défaite ultime des travailleurs. Les membres de l’ISL ont plus tard conclus que cette trahison décisive dans la pratique a marqué la fin de la QI en tant qu’organisation révolutionnaire.

Avec ces idées fondamentales, l’ISL s’est tourné vers l’étude des points de vue des regroupements soi-disant trotskystes avec une analyse «capitaliste d’État» du stalinisme. Ils se sont tourné d’abord vers le plus grand de ces regroupements, la Tendance Socialisme International, dirigée par le Socialist Workers Party britannique. Mais un examen rapide du bilan politique de la TSI a révélé un ensemble de positions opportunistes pas meilleures que celles du milieu «trotskyste orthodoxe» avec lequel ils avaient rompus. En particulier, le SWP est certes anti-sioniste, mais il capitule habituellement devant les dirigeants nationalistes et islamistes des musulmans en Grande Bretagne et dans les pays du Proche-Orient occupés par les impérialistes. L’ISL a eu une brève correspondance avec la TSI, qui a aussi révélé l’attitude étonnament cynique de la TSI à l’égard des perspectives pour la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière au Proche-Orient: la TSI a conseillé à l’ISL de renoncer à ses efforts et de déménager en Grande-Bretagne!

Peu après, l’ISL s’est tournée vers la LRP et a découvert que nous partagions déjà des positions communes sur le stalinisme ainsi que sur les luttes en Palestine. L’ISL alors pris contact avec la LRP et nous avons entrepris nos discussions politiques.

Les sujets de discussion, les points d’accord et les questions pour les futures discussions

Après avoir partagé nos histoires politiques respectives et notre vision générale du monde, nos deux groupes ont commencé à examiner plus en détail les questions sur lesquelles nous avions déjà un accord fondamental, Israël/ Palestine occupée et la nature de classe des États staliniens.

1. Israël/Palestine occupée

En révisant les luttes historiques cruciales, nous avons commencé avec l’attitude révolutionnaire envers les guerres de 1948, 1956 et 1973. Nous nous sommes entendus sur l’importance d’être du côté des Palestiniens contre toutes les attaques impérialistes d’Israël, y compris dans la guerre de 1948, une position que même la Quatrième Internationale qui était encore révolutionnaire à l’époque n’avait pas pris à ce moment là.

Sur le programme des luttes de la classe ouvrière en Israël/Palestine occupée aujourd’hui, nous nous sommes entendus que son point de départ est une lutte sans compromis pour le renversement de l’État israélien et pour l’autodétermination du peuple palestinien opprimé, qui ne peut être réalisée que sous la forme d’un État ouvrier palestinien sur tout le territoire qui est maintenant Israël et la Palestine. Nous sommes parvenus à un accord préliminaire sur un certain nombre de questions programmatiques – incluant la politique linguistique, l’opposition aux révolutionnaires qui participent aux élections à la Knesset israélienne, la demande pour une assemblée constituante en Israël/Palestine occupée, la question agraire, l’attitude révolutionnaire envers le syndicat israélien Histadrout, la Politique Militaire Prolétarienne de Trotsky et les tactiques pour promouvoir les luttes de la classe ouvrière en Israël. Nous nous attendons à ce que notre accord sur ces questions soit confirmé sous la forme de documents publiés dans le futur.

Une question sur laquelle nos deux organisations ne s’entendent pas est de savoir si les Juifs israéliens constituent une nation. La LRP a pris pour acquis que la lutte pour déposséder le peuple palestinien et construire l’État sioniste a constitué une nation juive israélienne avec une conscience nationale distincte. L’ISL, de son côté, croit que même si Israël porte nombre des caractéristiques fondamentales d’une nation, il lui manque l’identification consciente d’elle-même comme tel. En effet, Israël nie officiellement qu’il est l’État de ses propres citoyens, insistant sur le fait qu’il est plutôt l’État et la patrie d’une nation juive mondiale. Les deux groupes reconnaissent que ce désaccord ne porte pas atteinte à notre attitude envers l’autodétermination israélienne: en tant que peuple oppresseur dont l’autodétermination ne peut s’exercer qu’au détriment des Palestiniens opprimés, les Juifs israéliens n’ont pas de droits sur les terres ou les propriétés volées aux Palestiniens, ou le droit à régner en tant que minorité sur le modèle de l’apartheid.

2. Stalinisme et théorie économique marxiste

L’ISL a étudié le livre de la LRP, The Life and Death of Stalinism (La vie et la mort du stalinisme), et en est venu à un accord général avec la théorie de la LRP du stalinisme en tant que capitalisme étatisé. Ceci fût ensuite exprimé dans son document, Trotskyism and the Class Character of the Stalinist States (Le trotskysme et le caractère de classe des États staliniens). Nous avons également discuté de la compréhension par la LRP de la théorie économique et du modèle des crises économiques dans l’époque de décadence du capitalisme qui est développée en détail dans The Life and Death of Stalinism, ainsi que dans plusieurs articles publiés, et nous avons exploré ces idées davantage dans les discussions sur la crise économique actuelle.

3. La résolution politique de l’OCQI

Nous avons également discuté, point par point, de la déclaration programmatique la plus complète de la LRP, the Political Resolution of the Communist Organization for the Fourth International (La résolution politique de l’Organisation communiste pour la Quatrième Internationale). Nous avons établi un accord complet sur sa perspective, qui a été confirmé lorsque l’ISL a commencé à publier ses propres documents programmatiques, incluant The Socialist Revolution and the Vanguard Party (la révolution socialiste et le parti d’avant-garde), qui traite du rôle décisif du parti révolutionnaire d’avant-garde pour élever la conscience révolutionnaire de la classe ouvrière, et The ISL Position on Wars (La position de l’ISL sur les guerres). Nous avons expressément convenu que nous sommes opposés à la stratégie de «l’entrisme profond» dans les partis sociaux-démocrates et staliniens, qui n’est pas la même chose que la tactique de l’entrisme temporaire préconisée par Trotsky dans les années 1930.

4. Les événements contemporains dans la lutte des classes

Nos discussions ont également abordé les événements contemporains dans la lutte des classes au niveau international. Nous sommes arrivés à des conclusions similaires concernant la guerre entre la Russie et la Géorgie durant l’été de 2008. La déclaration publique de la LRP sur la question, Russian Imperialism Out of Georgia! U.S., NATO Imperialists Out of the Caucasus! (Impérialisme russe hors de la Géorgie! Impérialisme américain et OTAN hors du Caucase!)a grandement bénéficié de nos discussions, et la position de l’ISL a été ultérieurement exprimée dans The ISL Position on Wars. Nous avons également discuté de la guerre d’Israël contre Gaza dans l’hiver de 2008-9, et notre accord a été exprimé dans les déclarations indépendantes de nos deux organisations publiées sur ces événements, dans le déplant de la LRP, « Defeat Israeli and U.S. Imperialism – Stop the Slaughter in Gaza » (Pour la défaite des impérialistes israéliens et américains – Arrêtez le massacre à Gaza) et dans le dépliant de l’ISL «Not for a cease fire but for the immediate withdrawal of Israel from Gaza and the smashing of the siege of Gaza!» (Pas pour un cessez-le feu, mais pour le retrait immédiat d’Israël de Gaza et le démantèlement du siège de Gaza!)

En conclusion

L’été dernier des camarades de l’ISL ont visité les États-Unis, et un militant de l’ISL, Yossi Schwartz, a été le conférencier principal lors d’une réunion publique organisée par la LRP à New York sur le thème «La crise du sionisme et les perspectives pour la révolution au Proche-Orient». Lors de cette réunion, nos deux groupes ont plaidé pour une lutte sans compromis contre le sionisme et pour le droit de la nation palestinienme à l’autodétermination en tant qu’élément essentiel de la lutte pour la révolution socialiste au Proche-Orient. D’autres participants à la réunion, y compris des représentants et d’anciens partisans de la Spartacist League (Ligue Communiste Internationale) et de la Tendance Bolchevique Internationale, ont fait valoir que les socialistes devraient soutenir à la fois les revendications des Palestiniens et des Juifs israéliens à l’autodétermination. Les orateurs de la LRP et l’ISL les ont mis au défi de préciser clairement à quels droits démocratiques des Palestiniens qu’ils sont opposés, puisque les Juifs israéliens ne peuvent avoir un État qu’il leur soit propre que par la négation du droit des Palestiniens à retourner sur le territoire ou ils ont subi un nettoyage ethnique, ou en régnant sur la majorité palestinienne dans une forme d’apartheid. Pas un seul partisan de la perspective des Spartacistes n’a même tenté de répondre à notre question. L’expérience des camarades de la LRP et de l’ISL de défendre conjointement la seule perspective viable pour la libération palestinienne n’a que davantage confirmé notre perspective politique commune ainsi que nos liens croissants de camaraderie.

Les discussions menées jusqu’ici ont clairement établi un degré élevé d’accord politique entre la LRP et l’ISL. Les futures discussions se concentreront davantage sur les perspectives de la LRP concernant les questions d’importance stratégique pour la lutte de classe aux États-Unis en particulier, telles que la lutte contre le racisme, ainsi que des questions qui ont jusqu’à présent été seulement examinées en passant, comme notre compréhension du travail révolutionnaire dans les syndicats et les autres mouvements de masse. Les perspectives pour construire nos deux organisations dans nos pays respectifs seront discutées. Nous chercherons également à mettre notre accord à l’épreuve des nouveaux développements dans la lutte de classe internationale en publiant des déclarations conjointes sur des questions majeures. Nous avons commencé par l’adoption de notre première déclaration commune, « Stop the U.S./Israeli War Threats Against Iran! » (Arrêtez les menaces de guerre américano-israéliennes contre l’Iran).

Nous sommes confiants que d’autres discussions, ainsi que l’épreuve du travail en collaboration pour répondre aux nouveaux événements dans la lutte de classe internationale, confirmera que nous partageons la même vision marxiste du monde, et que l’ISL se joindra au groupe fraternel des camarades de l’Organisation communiste pour la Quatrième Internationale (OCQI).

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